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Intégration versus fragmentation : les effets spatiaux des activités extractives au prisme des infrastructures
Jérôme Fresneau  1, 2@  
1 : Centre d\'études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques  (CESSMA UMRD 245)
Université Paris Diderot - Paris 7
2 : Université de la Polynésie Française

Au Panama, le secteur extractif n'occupait jusque récemment qu'une place marginale dans les dynamiques économiques du pays. Le démarrage en 2020 projet extractif cuprifère de grande envergure Cobre Panama change toutefois radicalement la donne : il participe à lui seul, et pour les quarante voire soixante-dix prochaines années, à hauteur d'environ 4% du PIB. Localisé sur la frange atlantique du pays, dans un espace isolé en situation de marge territoriale, le projet a nécessité́ la construction d'importantes infrastructures que reflètent les 6 milliard de dollars d'investissement réalises pour la construction de la mine. Nous identifions plus spécifiquement deux types d'infrastructures : d'une part, les infrastructures d'extraction, de traitement et de transport de la roche, localisées au sein de l'enclave minière (méga-usine de traitement, port en eau profonde, tapis roulant de transport de la roche reliant usine et port sur plusieurs dizaines de kilomètres, usine électrique au charbon, etc.) ; d'autres parts, un ensemble d'infrastructures induites par le développement de la mine et profitant au personnes vivant à proximité́ (route asphaltée, réseau électrique, adduction d'eau, réseau de téléphonie 4G, etc.)


Dans cette communication, nous montrerons comment ces deux types d'infrastructure sont une illustration de ce double mouvement d'un secteur extractif producteur d'un système spatial enclavé, à la fois tourné sur lui-même et point de connexion au système monde auquel il fournit une matière première ; mais aussi producteur d'un processus d'intégration territoriale d'un territoire jusqu'alors largement mise à l'encart des dynamiques socio-économiques nationales.

Dans un second temps, nous analyserons plus spécifiquement, à travers des exemples précis, le fonctionnement de la gouvernance associée à la mise en place de cet ensemble infrastructurel et ses implications dans la place nouvelle prise par l'État panaméen dans cette portion de son territoire. En effet, si la première catégorie d'infrastructure relève d'investissements entièrement privés, ces derniers impliquent la présence permanente nouvelle d'agents de l'État afin d'assurer les missions de souveraineté qui lui reviennent (agents du ministère des transports maritimes, garde-côtes). Dans le cas de la seconde catégorie, la place (parfois prépondérante) de l'entreprise minière dans les investissements réalisés pour construire des infrastructures relavant de la mission de l'État illustrent à l'inverse une présence sélective de la force publique.


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