À l'instar d'autres pays de la sous-région, le sous-sol argentin est doté d'une grande variété de richesses minérales dont plusieurs formations d'hydrocarbures dispersées à travers le pays, depuis la zone du Chaco jusqu'à la Terre de Feu. Au cours de ce début de siècle, de nouveaux « fronts pionniers » des hydrocarbures, qu'on entende cette expression comme une expansion spatiale ou dans le sens d'une exploration et d'une mise en exploitation de gisements autrefois inaccessibles ou non rentables.
Dans le cadre de cette communication, il s'agit de s'attarder sur la critique ordinaire que les habitants comme les militants adressent à une infrastructure élémentaire de ces projets : les picadas petroleras (les routes et chemins d'accès) et les bases d'exploitation. Les fronts pionniers progressent avant tout grâce à l'ouverture de chemins et d'axes de pénétrations qui impliquent la destruction ou, a minima, la réduction de l'existant. Le traçage de ces routes pétrolières, en particulier dans les zones arides de la Patagonie du Nord, s'accompagne d'une série de nuisances qui affectent les économies de subsistance, les pratiques quotidiennes, les représentations symboliques, les régimes épistémiques adossés à des biomes, les considérations paysagères, etc.
Quelques questionnements peuvent aiguiller l'investigation sur le statut des infrastructures les plus élémentaires des systèmes extractifs. Quels genres d'opérateurs sont-elles ? Comment chaque partie prise indépendamment agit-elle sur le statut des choses avec lesquelles elles viennent à s'engager, à tisser des relations ? Quels partages sensibles, quels partages ontologiques se donnent à voir dans la constitution de ces infrastructures ? Ces différentes questionnement permettraient de préciser davantage cette notion de « marge extractive » : marge par rapport à l'activité extractive, mais aussi marginalisation de ce qui entoure ces infrastructures.